You are the only one.
♣ Je crois que tu te rappelles que les bons souvenirs alors quand tu regardes en arrière, regardes-y à deux fois.
La vie est une garce, personne ne peut en douter. Qui a déjà vécu le bonheur pur pendant plus d'une heure ? Pour un bon moment, deuxmauvais nous tombent systématiquement sur le coin du nez. C'est comme ça, le mauvais oeil disent certains, moi je dis la vie. La mienne n'échappe pas à la règle, des hauts et des bas, mais quand j'y regarde plus attentivement, il y a quand même bien plus de bas. On a pas l'impression qu'il nous arrive autant de crasses, pourtant c'est la réalité. Retournez en arrière, concentrez vous sur les moments importants de votre vie et dressez une check list. Alors ? C'est à chier pas vrai ? Vous pouvez toujours vous dire que maintenant tout va bien, personne n'est dupe. Soyez attentif, ça fait tellement longtemps que vous attendez une promotion, votre mec ne vous a toujours pas demandé en mariage après six ans de relation, votre meilleure amie baise avec l'ex que vous aimez toujours. Vous avez le droit d'avoir des envies de suicide, personne ne vous en veux réellement même si on vous regarde de travers quand vous prenez des anti-dépressifs. Et surtout dîtes-vous bien qu'il y aura toujours quelqu'un de plus malheureux que vous.
Moi par exemple.
♣ Y’a déjà assez de conneries dans le monde pour que j’en rajoute.
« Blake, viens là chérie. Maman doit te parler. » Je me levai d'un bond, puis reculai jusqu'à ma mère sans quitter la télé des yeux. A l'écran, Phoebe Halliwell embrassait Cole Turner avec passion. Je ne pouvais pas détourner mon regard du couple, mourant d'envie de connaître ça un jour. L'amour, le vrai, celui dont est est sûr qu'il durera pour toujours. Ma mère me pris pas le bras et m'assis doucement sur ses genoux. Elle entreprit de me coiffer d'un geste tendre. Je me laissai aller tout en surveillant les mouvements de la sorcière de la télé.
« Chérie, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer. Est-ce que tu m'écoutes. » « Hmmm. » « S'il te plaît Blake, c'est important. Eteins la télé. » Je m'exécutai en soufflant bruyamment. J'allais rater la fin de l'épisode. Puis je me tournais vers ma mère sèchement pour lui montrer que Charmed n'attendait pas. Elle ne s'en préoccupa pas et me dit :
« Bébé, j'ai rencontré un homme qui me plaît beaucoup et je voudrais que tu le rencontres. J'ai besoin de ton approbation avant de le présenter à Autumn. » Je me figeai. J'avais beau n'avoir que dix ans, je n'étais pas naïve, je savais bien que maman avait quelques aventures, mais aucune n'avait été assez sérieuse pour qu'elle ne nous en parle. Celui-là devait vraiment être spécial. Comme la bonne petite fille que j'étais, je hochais la tête en signe d'approbation tandis que ma gorge se nouait. Et s'il ne me plaisait pas cet homme ? Faudrait-il que je sacrifie mon bonheur pour celui de ma mère ? Papa nous avait quittées quand maman lui avait annoncé la prochaine naissance d'Autumn. J'avais appris à vivre avec, j'avais été forte et je m'étais habituée à vivre sans figure paternelle. A présent, maman voulait m'en imposer une et je ne savais pas si c'était une bonne chose.
♣ - Ça fait chier ! Réaliser que tout ce à quoi on a pu croire, finalement c’est des conneries. Ça fait chier.
- De quoi tu parles ?
- Oh tu sais, le destin, les âme-sœurs, le grand amour, tous ces contes de fées ça ne veut rien dire.
Il m'avait plus finalement le nouveau mec de ma mère. Et plus important, il lui plaisait à elle. Ils s'étaient trouvés comme on dit, comme Phoebe et Cole. Et comme Phoebe et Cole, ils se sont séparés. Ca a dévasté maman tout comme la rupture de mon couple phare m'avait dévastée. Comment voulez-vous que les enfants grandissent avec une bonne vision de l'amour. Rien n'est éternel et surtout pas ça. On nous dit de tendre l'autre joue si on nous tape sur l'une et d'aimer son prochain, mais c'est que des conneries. Si on suit ça, on finira SDF ou seul au fond d'une cave. Maman était en pleine dépression depuis que ce salaud l'avait quittée pour une blonde aux gros seins. Ca allait faire trois mois maintenant, et comme si ça suffisait pas, j'étais en pleine crise d'adolescence. J'avais quatorze ans et demi et je m'en croyais seize. Mes copines et moi, on se faisait la bise pour se dire boujour "comme les grands" et on rêvait de mini-jupe et de piercing. Un jour, une fille de notre classe est arrivée avec deux trous à chaque oreille et tous les garçons ont commencé à lui tourner autour. Je m'en souviens bien de ça, c'est ce qui avait déclenché ma rebellion. Je voulais que les mecs me regardent comme ils regardaient cette pute de Cintia. Pas pour l'amour, j'emmerde l'amour, mais juste pour être au centre de leur attention. Juste pour pouvoir dire que les gens m'envient.
♣ - Et qu’est ce qui se passe si tu tombes amoureuse ?
- Oh... Me dis pas que tu crois à ces trucs là.
- J’te parle d’amour là, pas du Père Noël.
Il faut bien que ça arrive, j'ai fini par rencontrer un mec bien. Il avait l'air de bien m'aimer même si mes oreilles n'étaient pas piercées alors un jour je me suis assise à côté de lui. Il n'a pas eu l'air surpris. C'était en anglais, la prof était toujours à côté de la plaque donc on a commencé à discuter. Puis le sujet de l'amour est arrivé. Lui ne comprenait pas mon point de vue, il croyait en l'âme soeur, au romantisme et en tous ces trucs que je considérais comme de la foutaise. On a fini par déjeuner ensemble sous les regards moqueurs de mes amies. Je les entends encore "Blake est trop bien pour tous les garçons sauf pour Théophile". Théophile, c'était son prénom, mais je l'appelais Théo parce que lui avait accepté de m'appeler Ever, comme je lui avais demandé. Il était intelligent, gentil et doux, tout en étant taquin et drôle. Et aussi -je ne l'avouerai jamais à voix haute- il était très beau. Et un jour ça m'est tombé dessus, comme une pierre. Ce que tout le monde avait compris bien avant moi, ce que je m'évertuais à éviter. Je suis tombée amoureuse de Théo.
♣ - Qui me dit que tu vas pas te réveiller un beau matin et vouloir que ça s’arrête ?
- Ça je peux pas te le promettre, personne le peut.
Ca faisait deux ans que je bouillonais, que je mourais d'amour pour mon meilleur ami. Histoire banale, j'avais peur de lui dire et de tout gâcher. Lui ne semblait pas se rendre compte de mon mal être, il agissait normalement, comme tout garçon de seize ans. Son regard s'égarait un peu lorsque je portais un décolleté plus plogeant que d'habitude mais rien de plus. Il a fallu attendre encore quelques mois avant que je ne me déclare. C'était à une soirée organisée par une fille de notre classe. J'avais bu un ou deux verres de trop. Théo était près de moi, il me surveillait du coin de l'oeil. Je l'ai entraîné à l'extérieur prétextant un coup de chaud puis j'ai déclarer l'air de rien :
« Tu sais Théo, je crois bien que t'es le seul mec que je pourrais aimer. » Comme il ne répondait pas, j'ai insisté :
« Vraiment aimer. » Il se tourna vers moi, le regard brillant et rétorqua :
« Si tu as quelque chose à me dire Ever, dis-le. T'as jamais été du genre à tourner autour du pot. » Alors je l'ai dit. D'un ton ferme.
« Je t'aime Théo. » Il écarta une de mes mèches de cheveux et mon coeur rata un battement lorsqu'il me sourit.
« C'est un grand honneur. Sache que je t'aime aussi Ever. » Et il m'embrassa.
♣ Petit copain, petite copine, c’est des concepts. Franchement c’est puéril.
Aussi dur que ça l'est pour moi de l'admettre, j'étais parfaitement heureuse avec Théo. Notre histoire de lycéens à duré toute notre scolarité. Il acceptait tous mes défauts - et il y en avait !-, toutes mes idées arrêtées, toutes mes exigences -notamment celle qui nous empêchait de nous déclarer officiellement en couple- et ceux parce qu'il savait que j'étais irrémédiablement amoureuse de lui. J'en dépendais entièrement, je l'avais même présenté à ma mère et à ma soeur, c'est dire. Un jour, j'ai voulu qu'on couche ensemble, parce que ça se faisait. Il a refusé tout net. Il voulait que je sois prête et que je n'y sois pas poussée par mes amies. On a finit par le faire finalement, mais c'est moi qui l'avais décidé. Et c'était parfait. Contrairement à ce que disaient les autres filles, il ne m'a pas quittée une fois ça fait. Ca a duré, encore et encore. Et comme tout, ça s'est fini.
♣ On s’embrasse à la photocopieuse, on se tient la main chez Ikea, on baise dans la douche... T’appelles ça juste des amis toi ?
Après notre bac, j'avais décidé de partir à Paris pour faire mes études, sans lui, seule. Je pensais qu'il comprendrait mais ça a été la goutte de trop. Il n'en pouvait plus de mon comportement et je le comprends parfaitement. Il rêvais d'un avenir à deux et je brisais net tous ses espoirs. J'avais beau l'aimer à en crever, nous n'étions pas éternels selon moi. Je campai sur mes positions et lui sur les siennes, jusqu'à ce qu'il me plaque. Ca a été extrêmement dur mais je m'y préparais depuis le début de notre histoire. Je suis donc partie pour la France le coeur lourd mais l'esprit étrangement serein. J'y ai brillamment mené mes études de droits et je suis actuellement avocate. Puis s'est passé la chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas.
♣ C’est exactement là que je voulais en venir, qu’est ce que ça signifie l’amour, vous le savez ? Et vous ? Quelqu’un le sait ? Si on m’offrait cette carte monsieur, je la boufferais. Ce sont, ce sont ces cartes, les films et les tubes de l’été qui sont à blâmer pour ces mensonges, ces chagrins, tout le reste.
Je marchais dans la rue, au hasard. J'avais besoin d'être seule pour pouvoir penser. En six mois de profession, j'avais assisté à trois divorces. Je me disais de plus en plus que ma vision de l'amour était la bonne quand quelqu'un m'est rentré dedans. J'allais continuer mon chemin quand la personne m'apostropha :
« Ever ? C'est toi ? » Je me retournais vivement et me retrouvais face à Théo.
« Théo ? » Je m'approchais en souriant et lui fis la bise.
« Mon Dieu Ever, ça fait quoi... cinq ans ? » « Six. Qu'est-ce que tu fais ici ? » « Je travaille ici. Je suis cuisinier tu sais ? C'est fou de te revoir ! » Et voilà, ça m'est retombé dessus. J'avais rangé Théo et ce que j'avais vécu avec lui dans un coin de ma mémoire et tout refaisait surface maintenant que je le voyais. Les quelques mots que je lui avais adressé huit ans auparavant me revinrent en mémoire "Tu sais Théo, je crois bien que t'es le seul mec que je pourrais aimer.". C'était vrai, il était le seul. Sans m'en rendre compte, je me hissai sur la pointe des pieds et posai mes lèvres sur les siennes. Après une hésitation, il me rendit mon baiser. Une fois séparés, il souffla :
« Sors avec moi. Pour de vrai. » ce à quoi je répondis immédiatement
« D'accord. ».