Etalé sur mon lit je fixe le plafond. La peinture commence à s'écaillée un peu partout. Il aurait bien besoin d'un coup de pinceau. Mais aujourd'hui, je ne vois pas les fissures. Pas envie, pas besoin. Jour de réflexion. On ouvre les cicatrices, la boîte à souvenir et s'est parti ! Bonjour tristesse. Mais il faut bien le faire, une fois de temps. Faire le vide, trier un peu le bordel qui se cache dans ma tête. On avait dit quoi déjà ? Ah oui. On garde les bons souvenirs et on jette les mauvais aller Nathan tu vas-y arriver. Je crois en toi. Oui c'est ça je crois en moi. Enfin.. Aujourd'hui. Belle introduction pour commencer à fouiller dans ma vie. Voilà. Vous êtes prêt ? Oui. Moi aussi. Alors, c'est parti. Accrocher vous bien.

Année 1996, Neuf ans.

Papa a une autre vie, une autre famille et un autre petit garçon. C'est maman qui vient de me le dire. Voilà pourquoi il n'est jamais là. Parce qu'en fait il en aime d'autres. Il ne sait pas comment faire pour partager. Maman a décidé pour lui. J'ai neuf ans et je ne comprends pas tout. Mais ça fait mal. Cela fait mal de savoir que papa aime un autre petit garçon que moi. Il l'appelle sûrement « mon grand » comme il faisait avant avec moi. Oui c'est sans doute pour cela qu'il a arrêté de me le dire. Il était mon héros à-moi, mais il a tout ruiné. Comme cela en une soirée. Alors, au revoir papa. Dois-je encore l'appeler papa d'ailleurs ? Bah.. On verra bien encore faut-il que je le revois. Maman pleure et je ne sais pas quoi faire pour la consoler. Je m'assois à côté d'elle et viens me blottir dans ses bras. Elle me caresse les cheveux et pleure en silence. Nous voilà tout les deux maintenant. Notre héros est parti. Il va falloir qu'on ce débrouille. Mais tout ira bien tant que je suis là. Après tout pourquoi ça n'irait pas. On peut bien vivre sans paternel. Oui je croyais qu'on pouvait vivre sans un père. Mais maman n'arrêtera jamais de pleurer. La nuit je l'entends encore se lever en silence pour aller pleurer dans le salon. Elle a perdu l'homme de sa vie. Je ne comprends pas vraiment ce que ça veut dire. J'ai perdu mon papa, mais je fais avec. Même si des fois ça fait mal. A l'école, on me demande où est mon père. J'en sais rien. Je ne sais pas où il est. Je ne sais pas ce qu'il fait. Est-ce qu'il m'aime ? Bonne question. Toucher, couler. A neuf ans, on ne devrait pas se demander ça. Alors, maman fait tout pour que j'aille bien. Tout les deux ont ce fait de bons petits repas. Le dimanche on se raconte des blagues devant la cheminée ou dans le jardin quand il fait beau. Je vois bien dans son regard qu'elle est triste. Mais ma maman elle est forte et le montre pas. Sauf que maman elle prend des médicaments. Et elle ne va pas bien. On fait comme si de rien n'était. Je m'amuse à l'école, chez mes copains. Ma mère elle plonge. Toujours plus loin, toujours plus profond. Qui va la ramasser ? Moi. Sûrement. Vais-je grandir assez vite pour cela ? Sûrement. En une année j'ai grandi. Pas en taille, enfin si un peu. Mais en particulier, j'ai mûri. Finis les conneries de petit. Je n'ai que neuf ans, mais pour moi tout cela c'est terminé. Je dois m'occuper de maman. Je lui dois bien ça

Années 1998-2002, Collège.

Ma mère n'a jamais arrêté de prendre des cachets. Elle s'est même mise à boire. Boire plus que de raison d'ailleurs. A l'école on m'avait collé l'étiquette de "bâtard". J'étais le petit franco-américain qui savait parler couramment anglais, mais qui avait une mère dépressive et alcoolique et un père aux abonnés absents. Ce n'était pas facile tous les jours. Je n'avais pas beaucoup d'amis enfin au début. Entrée en sixième. Tout ce mis a changé. Nouveau collège. Nouveaux camarades de classe. Nouveaux professeurs. Ici je n'ai jamais dit que mon père ne vivait plus à la maison. Mes professeurs sont persuader que je vis dans un cadre familial tout ce qu'il a de plus sain et normal. Pour eux mon père est ingénieur et ma mère assistante maternelle. Le pire dans tout ça c'est que personne n'est allé vérifier. Ici personne ne sait que le soir je fais mes devoirs, mais je m'occupe également de ma mère qui a déjà entamé la bouteille de vodka quand je rentre à 17h. Et c'est comme ça. Dans ce nouveau collège que j'ai connu Lilly-Rose. Je me souviendrais toujours de ce jour. On entrait dans un nouveau cours, je ne savais pas trop où me poser et j'ai attiré à côté d'elle. « Salut moi c'est Lilly-Rose, mais tu peux m'appeler Lilly ». A l'époque je n'étais pas très sociable, mais aller savoir pourquoi avec elle j'avais confiance. On a rapidement fait connaissance et elle m'a rapidement confié le pourquoi de son déménagement en France. J'ai gardé et je garde encore son secret. En ce qui concerne ma vie, au départ je ne lui ai rien dit. Je ne voulais pas qu'elle sache. Elle est très vite devenue ma meilleure amie. Avec elle j'ai commencé à avoir un groupe d'amis régulier. On était encore des gamins, mais on se prenait pour des grands. J'allais faire du skate avec mes copains dehors. Tout mon temps libre je le passais dehors. Je ne voulais pas que mes amis viennent chez moi, mais je passais tout mon temps chez eux. Pendant ces moments j'avais l'impression d'oublier qu'à la maison j'avais une mère alcoolique qui m'attendait...


Années 2002-2005, Lycée.

Long couloir blanc. Homme en blouse blanche. Et moi. Assis par terre je frappe par intervalle régulier le mur avec mon poing. Cela fait deux heures que je suis ici et personne ne veut rien me dire. J'ai quinze ans. En rentrant du Lycée j'ai trouvé ma mère allongée par terre. Elle ne réagissait pas. Pour la première fois de ma vie j'ai eu peur pour elle. Les médecins me posent dix mille questions. Oui ma mère est dépressive. Depuis combien de temps ? Depuis que mon père est parti. Ca fera six ans demain. Non personne ne nous aide. Non je n'ai pas de nouvelle de mon père. Oui je sais que ma mère boit. Mais aller vous faire foutre. On veut me placer en famille. Je ne veux pas. Je ne veux pas que mes amis soient au courant. Je veux juste qu'on me rende ma mère. Je veux rentrer chez moi. Sauf que les médecins veulent la garder en observation. Alors; je rentre seul. Je sèche les cours pendant une semaine. Je n'avais pas prévu que Lilly vienne frapper chez moi. « Part d'ici Lilly t'a rien à faire là ! » lui avais-je répondu. Mais Blondie n'avais pas lâché et j'ai fini par craquer. Je lui ai tout raconter. Le départ de mon père. La dépression de ma mère. Les médicaments. L'alcool. La bouffe que j'étais obligé de voler des fois parce que ma mère ne sortait pas. Tout. Elle ne sait pas apitoyer sur mon sort. Elle m'as juste proposer son aide et je ne la remercierais jamais assez pour ça. Je ne voulais pas de pitié et elle l'a vite compris. Alors, elle m'a aidé. On était encore des gamins... On a fouillé de partout chez moi et on a vidé toutes les bouteilles d'alcool. J'ai jeté toutes les boîtes de médicaments et les vieilles photos de mon père. Sans Lilly je ne sais pas si j'aurais eu le courage de faire cela. Une semaine ma mère est revenue à la maison et pour la première fois j'ai eu une réelle discussion avec elle. Je lui ai dit à quel point je n'arrivais plus a supporter son état constant de dépression. Je lui ai fait comprendre que maintenant il fallait qu'elle passe a autre chose, qu'elle oublie papa et qu'elle vive ! J'ai comme l'impression qu'elle a enfin compris. Je suis son fils unique et je sais qu'elle m'aime, malgré tous ses problèmes. Après cette période, les problèmes semblaient être loin derrière moi. Je pouvais enfin vivre comme tous les adolescents de mon âge. Et c'est là que j'ai commencé à sortir de plus en plus. Au Lycée, je commençais a collectionné les filles. Ca me plaisait plutôt bien. Je changeais régulièrement de copine comme la plupart de mes amis et puis je savais qu'il y aurais toujours Lilly sur qui je pouvais compter. C'était parfait. Je devenais un con, mais ça me plaisait. Et puis il y a eu la fin du Lycée. Le bac et les études supérieurs. J'ai toujours été un bon élève malgré mes problèmes familiaux et pour prouver au reste du monde, mais surtout à moi-même que je pouvais réussir j'ai décidé d'aller à la fac pour suivre des études de droit. Et je pense avoir trouvé ce qu'il me fallait.

Année 2011, Vingt-trois ans.

Toujours étudiant. Toujours à Paris. Toujours ami avec Lilly. Bref... Une vie tout ce qui a de plus normal, enfin... Jusqu'à ce que je couche avec Lilly. Depuis la fin du Lycée, on a cessé de se rapprocher. Toujours fourrer ensemble, toujours en train de se raconter nos vies. C'est moi qui lui ai remonté le moral quand Jeremiah l'a quitté pour aller à Nice. Je ne pense pas être amoureux, mais c'est... Réellement bizarre. Depuis ce fameux soir, elle m'évite et ne me parle presque plus. Lucia me donne encore des nouvelles, mais je sais qu'il y a un truc qui cloche. On n'aurait pas dû faire ça, mais c'était une simple fête qui a mal tournée. Des fois je me dis que je regrette et pourtant il y a des soirs où je me dis que de toute façon il fallait que cela arrive un jour où l'autre. Comme pour en rajouter un peu plus ma mère est retombée dans la dépression. Elle m'agresse dès que je viens la voir. Elle ne cesse de boire et je ne sais plus du tout quoi faire pour elle. Je suis un peu perdu en ce moment, mais comme d'habitude je vais finir par m'en sortir. Je m'en sors toujours !